Si vous vous souvenez bien, il y a exactement un an, je vous faisais un petit récap de ma première année à Gobelins. En commençant cette deuxième année, je m’étais mise aux défis de faire plus de shooting « hors commandes » (qui ne sont pas des exercices donnés par les profs), et d’être publié par un (web)magazine. Forte des paroles de Denis Rouvre avec qui j’avais été en stage, j’ai cherché à être un poil plus exigeante envers moi même, et à me bouger le popotin. J’ai osé contacter les agences de mannequins pour réaliser des images, même si je n’ai pas eu de réponses favorables systématiquement. J’ai cherché à expérimenter un peu plus également, avec une dizaine de shootings personnels contre seulement trois ou quatre l’année passée.
Une année très (trop ?) chargée
Cependant, malgré ces très belles réussites (en tout cas pour moi), je me suis aussi retrouvée à la limite d’un burn-out. Parce que j’en ai déjà vécu les effets, j’ai su en détecter les premiers signes, et me « mettre à l’abri » en quelque sorte. J’ai dû préciser où étaient mes limites, et décider d’où je souhaitais placer le peu d’énergie qui me restait. Ce qui n’a pas ravi tout le monde, bien sûr.
L’année a commencé de manière très dure, alors que j’étais stagiaire sur un festival à l’étranger, et j’ai enchaîné avec les cours qui se sont trouvés pour le coup très denses. Nous avons cumulé des workshops, des conférences et des cours théoriques et pratiques. Avec mon envie d’approfondir mes connaissances en photo studio, et mon engagement envers moi même de faire des images, je n’avais presque plus de temps pour m’ennuyer. Je préparais plusieurs moodboard en même temps, tout en m’assurant d’avoir le matériel et l’équipe nécessaires pour le shooting du jour, et en cherchant des idées pour le prochain workshop. Je n’étais pas satisfaite de mes images ce qui me poussait à en faire plus, et à chercher ce qui avait tant fonctionné à Bois Charmant…. Je me posais beaucoup de questions sur le fait que je ne fasse que des « exercices » et non pas de vrais projets qui me tenaient à cœur… Et à force de réfléchir, on se fatigue, on se met de plus en plus de pression, on finit par se comparer à d’autres, et on ne fait plus rien.
Heureusement pour moi, j’ai pu me « créer » plusieurs moments de pauses dans l’année, de « relâchement ». J’ai pris l’occasion d’un workshop documentaire pour partir une semaine en Bretagne photographier les stations balnéaires sous la pluie, et celle d’un workshop vidéo avec Universal pour partir tourner quelques jours à Biarritz. Le stage d’un mois auprès d’une agence m’a aussi aidé à me couper un peu de l’effervescence de l’école.
Le fonctionnement des workshops
Au total nous avons bénéficié de 8 masterclass géniales, en plus des deux mois d’ateliers super intéressants. Les masterclass étaient très variées, et certaines étaient plus longues que d’autres. Nous avons survolé la photographie d’architecture, étudié la photographie de mode avec Peter Knapp, mais aussi découvert les utilisations de la lumière continue, réalisée le portrait de comédiens, et appris à photographier des valises avec Delsey par exemple.
Le moodboard
Notre évaluation était réalisée sur le principe même de l’organisation réelle, dans le monde pro, d’une commande photographique. Nous avions systématiquement trois phases:
- La préproduction: brief (souvent sous forme de rencontres), devis, moodboard et recherche d’équipe
- réalisation des images
- postproduction et débriefing
Cette année, j’ai vraiment pu mettre en place les notions apprises l’année passée concernant les moodboard, notamment grâce aux quelques shootings hors commandes que j’ai réalisés et au workshop avec Universal. J’avais besoin de présenter mon projet aux agences de mannequins, et sans intentions visuelles les démarcher aurait été plus complexe. J’ai aussi réalisé deux shootings « commandes »: le premier était pour une étudiante en création de mode, et le second pour une étudiante en direction artistique. Je n’ai eu que quelques visuels d’intention de la part de la première, alors que j’ai eu un réel technical book pour le shooting de Zélia Charpine. Et sincèrement ça aide beaucoup à préparer un shoot. On sait de quoi on parle.
« L’idée ne fonctionne pas sans note ou croquis d’intention »
Peter Knapp
Les debriefings
Nous sommes particulièrement nombreux dans la classe (une trentaine) aussi les retours (débriefing) sont restés assez vagues concernant les workshops. En revanche les discussions et échanges qui suivaient l’évaluation des images étaient toujours enrichissants, d’autant plus lors des ateliers où nous n’étions qu’une petite dizaine.
Conclusion
Au sein de ma promo, nous avons tous individuellement un vécu différent de cette deuxième année. Mais dans l’ensemble on est tous à peu près d’accord sur le fait que cette année nous avons eu tendance à seulement « survoler » différents domaines plutôt que d’approfondir la technique. Ce qui n’est ni bien ni mal en soi, et pour ceux qui désiraient évoluer techniquement, il y avait les ateliers et les hors commandes. Et c’est en ça réellement que cette année a été bénéfique, il me semble.
Comme je l’ai dit l’année dernière, à Gobelins, on te soutient énormément, on te lance des perches, mais c’est à toi d’aller chercher les informations dont tu as besoin.
Ce que j’ai appris
Depuis deux ans maintenant que je réalise des shooting en studio, j’ai appris à maitriser Capture One en profondeur, à développer un workflow le plus optimal possible pour mes propres besoins. À ce sujet, avec un mois complet dédié aux projets vidéos avec Universal, j’ai pu découvrir le logiciel Davinci Resolve pour ses fonctions d’étalonnage, et approfondir mes connaissances concernant Adobe Première, mais aussi directement l’optimisation des caméras à la prise de vue.
Au cours de l’année j’ai eu la chance de voir mon travail exposé dans une galerie à Beyrouth et un article sur mon travail publié sur le site de Ô Magazine.
Nous avons aussi eu la chance de terminer l’année de manière très intense avec la production d’un Fanzine, imprimé en Risographie. Procédé que j’avais découvert lors du festival In’Cadaqués en septembre. Enfin, j’ai participé à deux ateliers qui m’ont vraiment rebooster cet hiver. Lors de l’atelier pub, un directeur artistique est venu nous présenter sa manière de travailler, et nous a donné de vrais briefs que nous avons du mettre en image. Avec notre enseignant Didier Robcis, nous avons aussi découvert tous le déroulé d’une campagne publicitaire de A à Z, l’importance de ne jamais rester inactif, et les différents interlocuteurs à qui nous aurons à faire. L’atelier Kirlian avec Yann Philippe, était, à l’opposé, de l’expérimentation pure, pour nous comme pour lui. Nous avons découvert tout un procédé photographique, à base d’électricité, et franchement, c’était assez génial !
Mes envies pour cette dernière année
Enfin, il est temps de me pencher sur mes attentes et mes intentions pour cette année à venir. Dédiée à la professionnalisation, je sais que nous aurons davantage de temps « libre » que nous pourrons consacrer au mémoire, à la construction de notre book ou à des projets personnels. De mon côté je souhaite poursuivre dans la veine de l’expérimentation et de l’exigence, tout en découvrant et précisant mon propre univers visuel. Comme l’année passée, je souhaite réaliser encore plus de shootings, et profiter pleinement des ressources que l’école met à notre disposition.
Au-delà des prises de vue, je compte aussi commencer dès septembre à démarcher différentes personnes de mon secteur, que ce soit pour en apprendre plus sur leurs métiers, ou pour discuter de mon travail et savoir comment le faire évoluer dans le bon sens.
Et parmi tous ces objectifs, un seul pour les gouverner tous: être enfin fière de mon travail photographique. Ça ne se fera pas en un an, si ça se fait un jour… Mais, avec un peu de poudre de bienveillance et du travail, on devrait pouvoir avancer dans la bonne direction !
Et toi, as-tu en tête quelques intentions ou projets que tu aimerais concrétiser pour cette reprise ? Je serais heureuse d’en entendre parler en commentaires !
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